L’école de Palo Alto, le concept d’information

UNE PSYCHOTHÉRAPIE LAISSANT DE CÔTÉ LES MÉTHODES CLASSIQUES

 

En 1958, Gregory Bateson, Don D. Jackson et Paul Watzalwick instituent le Mental Research Institute (MRI) : ils ont pour ambition de mettre en place une psychothérapie laissant de côté les méthodes classiques. La singularité de l’école de Palo Alto peut se saisir en partant du point de vue que toute théorie renvoie à un contexte lié à son époque et à ses découvertes scientifiques notamment.

Le courant de la psychologie précédant l’émergence de l’école de Palo Alto, comme la psychanalyse, s’apparente à la première loi de la thermodynamique, l’entropie, qui est une loi du domaine de la physique.

Elle met en avant, le concept de chaîne causale linéaire unidirectionnelle. Autrement dit, qu’un point A va entrainer un point B, un point C, etc, et répond donc, à une loi de cause à effet, ce que fait la psychanalyse Freudienne notamment, avec le concept de libido.

Cette loi de cause à effet signifie ici que le passé va affecter le présent et l’avenir dont il est question dans la psychanalyse Freudienne. Elle traite des questions de l’origine, de la genèse, qui est tout à fait prioritaire dans ce domaine de soin thérapeutique.

Avec l’école de Palo Alto, nous n’avons pas un cadre de référence où toutes explications s’orientent nécessairement en fonction du passé.

En lien encore avec la physique, on ne s’intéresse donc pas, avec Palo Alto, à la première loi de la thermodynamique, « l’entropie » mais plutôt à la deuxième loi de la thermodynamique, qui est la « néguentropie » qui vient au contraire canaliser, corriger et créer de l’ordre là où il peut y avoir un chaos.

UN CONCEPT D’INFORMATION 

La condition du passé est importante mais n’est pas préalable à tout changement dans le présent, ici on laisse le concept de cause à effet pour aller vers un concept d’information.

Cette deuxième loi, la néguentropie, produit une certaine forme de résilience. Où j’en suis avec ça ? Comment je compose avec maintenant ? Plutôt que pourquoi il m’arrive cela?

Autrement dit,  la première loi de la thermodynamique répond à la question du POURQUOI (passé),  alors que la seconde répond plutôt à la question du COMMENT (présent). 

Dans le COMMENT, les principes sont là d’ordre cybernétique, la causalité, elle, est d’ordre circulaire,  rétro-active, systémique, et son véhicule est l’information. Elle a pour élément central l’information et inclut tous les processus de communication. 

COMMENT PLUTÔT QUE POURQUOI 

Comment je fonctionne ? Comment je communique ?Et à quel niveau ? Mais également de manière à saisir comment fonctionnent tous les systèmes humains.

Elle s’intéresse à toutes les dysfonctions de communication. L’école de Palo Alto répond donc à des questions de psychodynamique et non à des questions de psychopathologie. 

En psychanalyse par exemple, l’enjeu est notamment de faire une synthèse de l’intra-psychique, de l’intra personnel. Avec donc cette notion de force que j’appellerai « ego-centripète ». 

Palo Alto axe plutôt son travail sur un horizontal. Qu’est ce qui interagit ici et maintenant? Comment je travaille sur cette interaction et sur la perception de ces interactions ? On s’intéresse ici plus à l’émission et à la réception qu’au contenu lui-même.  

Car il y a en effet souvent un écart entre la réalité et comment je perçois la réalité. Le changement ne dépend pas ici d’une investigation suffisamment approfondie de la compréhension des causes dans le passé, mais plutôt d’une transformation sur ce qui arrive. Qu’est ce qui se passe ? Comment ? Et non sur son pourquoi ? Avec une notion ici de force que je nommerai « ego-centrifuge ».

LES ÉMOTIONS, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE 

Dans ce travail de résolution, les émotions sont une composante essentielle car elles appartiennent à la rationalité humaine et font partie d’une « écologie de l’esprit ». Nous les entretenons avec nous même, avec le monde, elles sont déclenchées par nos croyances, nos valeurs et notre perception de la réalité. Elles accompagnent nos comportements, nos meta-programmes, les accélèrent, les freinent.

De fait, il y a donc un déterminisme émotionnel et l’ignorer revient à se couper d’une partie de ce qui fait problème, d’une partie de ce qui peut le résoudre, et d’une partie des ressources que l’individu doit employer à cette fin.